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3 MALADIES PARASITAIRES DE LA PEAU CHEZ LES BOVINS

Par Admin Smith • 06/07/2025 à 20h03
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3 MALADIES PARASITAIRES DE LA PEAU CHEZ LES BOVINS

Dans le cadre du programme ‘’Urgence santé’’, pour répondre aux préoccupations des éleveurs, des agents vétérinaires, des étudiants en licence production et santé animale et aussi à tous les passionnés de l’élevage nous avons pensés aussi publier sur quelques maladies parasitaires de la peau.

Aujourd’hui, nous allons parler de 3 maladies parasitaires de la peau les plus courantes chez les bovins, cette publication vient compléter la récente publication sur les pour chaque cas, nous vous amènerons à comprendre la maladie, les symptômes, la Transmission, le diagnostic, le traitement ainsi que la prophylaxie.

RESUME

Chez les bovins, certaines maladies parasitaires de la peau sont fréquentes et préoccupantes. Ce document présente trois d'entre elles : les gales, la teigne et les aspergilloses cutanées.

Les gales sont causées par des acariens et provoquent des démangeaisons intenses, des croûtes et une chute de poils. Très contagieuses, elles peuvent entraîner des pertes économiques importantes, voire des transmissions à l’homme. La teigne, une mycose cutanée, est aussi très contagieuse et persistante dans l’environnement. Elle affecte principalement les jeunes bovins et peut également être transmise à l’homme. Quant aux aspergilloses cutanées, elles sont plus rares, souvent observées chez les fœtus ou les jeunes animaux, et causées par des champignons du genre Aspergillus.

La prévention de ces maladies repose sur l’hygiène des élevages, le traitement des animaux atteints, la désinfection de l’environnement, et la sensibilisation des éleveurs. Une détection précoce et une intervention rapide sont essentielles pour limiter la propagation et les impacts sanitaires et économiques.

 

1.    Les gales 

Les gales sont des affections cutanées prurigineuses provoquées par différentes espèces d’acariens, parasites permanents qui vivent soit dans l’épiderme soit à sa surface.  Il existe trois agents de la gale parasites des bovins :

      Sarcoptes scabiei  à l’origine de la gale sarcoptique

      Psoroptes ovis à l’origine de la gale psoroptique

      Chorioptes bovis à l’origine de la gale chorioptique

Les gales sont des maladies très contagieuses qui affectent des effectifs importants.  Ce sont des dermatites allergiques, les acariens déposent sur la peau leurs matières fécales et sécrétions qui sont des allergènes.  Leur diffusion au travers du derme induit une réaction d’hypersensibilité immédiate et retardée à l’origine du prurit, lequel renforce l’inflammation et l’exsudation, elles-mêmes responsables de la formation des croûtes plus ou moins épaisses.

La démodécie due à Demodex bovis est rare et provoque l’apparition de pustules dermiques dépréciant les cuirs.

A. Gale sarcoptique

Elle peut être grave et engendrer des pertes économiques importantes car dans certains troupeaux, la mortalité peut atteindre 60 %.  Les femelles de S. scabiei s’enfoncent dans l’épiderme pour pondre de 4 à 6 œufs par jour pendant 1 à 2 mois.  Ces œufs éclosent au bout de 4 à 5 jours, donnent naissance à des larves puis des nymphes qui atteignent des couches kératinisées de la peau et se transforment en adultes.  Le cycle complet nécessite 10 à 14 jours.  La longévité du parasite femelle est de 2 à 3 mois sur l’hôte (quelques jours pour le mâle), elle tombe à une dizaine des jours dans le milieu extérieur.  La transmission se fait d’un sujet à l’autre.  Les animaux infectés latents sont les plus dangereux car non suspects.  La transmission peut aussi se faire de manière indirecte par la litière, les murs, les arbres ou le matériel contaminé.  La première zone atteinte est la mamelle, puis, les lésions se développent sur la tête, l’encolure, le poitrail, le tronc et finalement, les membres.  A terme, la peau est complètement épaissie « peau de rhinocéros », sur l’encolure notamment, accompagné d’un violent prurit engendrant des lésions de grattage.  Il y a chuté de poils, manque d’appétit et amaigrissement important.  La gale sarcoptique des bovins est transmissible à l’homme.

On observe alors de petites papules très prurigineuses sur des zones du corps pouvant rentrer en contact avec les animaux infestés.

B. Gale psoroptique

Plus fréquente que la précédente, elle revêt une grande importance dans les races à viande.  Les sources de parasites sont des bovins infectés et, éventuellement, les moutons galeux.  La transmission se fait soit directement soit indirectement par les locaux ou les matériels souillés.  La résistance du parasite dans le milieu extérieur peut dépasser 2 mois.

Les premières localisations de la maladie se situent sur l’encolure et la croupe.  Les lésions très prurigineuses ont un aspect jaunâtre et sont onctueuses au toucher (d’où le nom de gale humide).  Elles s’étendent ensuite sur le dos puis aux flancs, finalement à la tête puis aux membres.  Les animaux atteints se frottent sur tout ce qui est en relief, ce qui entraîne des zones de dépilation, des excoriations et la formation des croûtes jaunâtres plus ou moins sanguinolentes.  Les cas mortels ne sont pas rares.

C. Gale chorioptique

Moins contagieuse et moins sévère que les deux premières, l’infestation est d’autant plus importante que la température extérieure est basse, le temps humide et pluvieux.   Si l’infestation est commune, les symptômes restent discrets et localisés d’abord au niveau des extrémités (plis du pâturon, surtout des postérieurs) puis sur le ventre, le périnée, le bord postérieur des cuisses, la base de la queue et enfin à la mamelle et les trayons.

Les signes cliniques incluent une hypertrophie de la peau, une accumulation d’exsudat donnant naissance à des croûtes, du prurit engendrant des lésions de grattage et des dépilations.  Au niveau du mufle et des pieds, on peut observer un syndrome inflammatoire et d’hyperkératose.  La desquamation est particulièrement importante et le prurit modéré.

Lutte contre la gale

L’élimination d’acariens agents de la gale est obtenue soit par des traitements externes (bains, pulvérisations, ou « pour on » soit par injection sous cutanée de Ivomectine.  Deux traitements acaricides doivent être appliqués à une dizaine des jours d’intervalle pour tuer les larves issues des œufs non détruits au cours du premier traitement.  Tous les animaux du lot doivent être traités.

Les produits disponibles pour le traitement local appartiennent aux organophosphorés, organochlorés. L’emploi des pyréthrinoïdes présente l’avantage  de ne pas entraîner des délais d’attente pour le lait.

L’élimination des acariens nécessite une bonne hygiène des bâtiments d’élevage.  Les locaux doivent être infectés avant l’entrée des animaux.

Il faut éviter le contact du produit avec la boisson et la nourriture des animaux.

 2.  La TEIGNE

C’est la plus commune des mycoses cutanées des bovins qui peut, longtemps, persister dans une exploitation. Le système de kraaling contribue à l’extension rapide de la maladie parce que les contacts entre les animaux sont nombreux.  C’est une zoonose.

Causes, Symptômes et Facteurs de risque

La teigne ou dermatophytose (dartre) est mycose contagieuse de la peau et des poils due au développement des mycelium filamenteux appelés dermatophytes.  Ils provoquent la formation des lésions cutanées circulaire, dépilées et recouvertes des squames grisâtres.  Aucune démangeaison n’est enregistrée.  Les abrasions « maux de fleurs » laissées sur le cuir par la maladie déprécient considérablement la valeur du cuir des veaux de boucherie.

La maladie peut s’accompagner d’une chute de croissance et des productions chez les animaux qui en sont atteints.

Agent causal : Trichophyton verrucosum

Il existe d’autres Trichophyton mentagrophytes (transmis à partir des rongeurs) Microsporum canis (transmis à partir des chats)

Micosporum gypseum (transmis à partir du sol) Ces dermatophytes sont capables de survivre très longtemps (plusieurs mois, voire plusieurs années, …) dans le milieu extérieur à l’état des spores microscopiques.  Ces spores sont très résistantes à la plupart des agents physiques et chimiques.  Les animaux atteints et l’environnement contaminé constituent une source d’infection tant pour l’homme que pour d’autres espèces animales qui peuvent développer d’importantes lésions inflammatoires.  

La contamination des bovins se fait par contact direct soit avec u n animal teigneux (simplement porteur asymptomatique des spores de dermatophytes) soit un élément du milieu extérieur (sol, litière, auges, murs, bas-flancs, cornadis, autres instruments) souillé par des spores de dermatophytes.

Les dermatophytes se développent dans les couches kératinisées de l’épiderme et des follicules pileux, ainsi que dans les poils et les onglons en utilisant la kératine jeune comme source de carbone.  A partir de la surface de la peau, le thalle du champignon s’enfonce dans les follicules pileux et pénètre dans les poils qu’il envahit jusqu’au bulbe.

Les facteurs prédisposants sont :

ü La chaleur et l’humidité (aération défectueuse des locaux  

ü L’âge (jeunes de 2-7 mois, 95% d’animaux atteints ont -3ans)

ü L’état sanitaire des animaux (immunodépression par le virus de la BVD notamment, malnutrition, maladies intercurrentes, gales et phtiriases en particulier)

ü Le mode d’élevage (élevage intensif) ou le regroupement des bovins sous les tropiques

ü La saison  

Le premier stade de la maladie est pratiquement inapparent : il se traduit par l’apparition d’une petite croûte à la base d’une touffe des poils hérissés.  Les premières lésions bien visibles sont des petites plaques écailleuses accompagnées des dépilations éparses.  Elles ne sont jamais prurigineuses.  Au stade d’état, on observe des dépilations circulaires à bords nets résultant de la chute des poils parasités par les filaments de dermatophytes.  Dans 90% des cas, les lésions sur la tête (occiput, pourtour des yeux, des paupières, des narines, du mufle et des lèvres, auge, chanfrein et gorge) puis sur l’encolure, le bord postérieur des oreilles, la nuque et les épaules et enfin à la région lombaire, à la base de la queue et sur les cuisses.

Les lésions de membres, de l’abdomen, du fanon, de la mamelle, des trayons et de la région inguinale sont moins fréquentes.  Quelques animaux peuvent présenter une dermatose généralisée.  Des complications dues à une surinfection par des germes pathogènes peuvent également survenir.  Les infections par des agents de la gale mais, surtout, par des poux favorisent l’extension des lésions.

La durée de l’évolution d’une lésion varie de 3 à 6 semaines.   La disparition spontanée de la maladie s’effectue généralement en 8 -12 semaines, chez les animaux infectés pour la première fois ou lors qu’on disperse les animaux qui vivaient en concentration.  Elle n’entraîne pas de mortalité sauf chez les bovins très affaiblis (sous-alimentation).

La teigne sévit à l’état enzootique mais, de par sa grande contagiosité, des flambées épizootiques surviennent lorsque les conditions favorables sont réunies (jeunes animaux et promiscuité surtout).

La teigne bovine est transmissible à l’homme (éleveurs, techniciens d’élevage, inséminateurs, personnel d’abattoir et vétérinaires en particulier).  Elle se traduit par l’apparition de lésions cutanées inflammatoires plus ou moins suppurées, en saillie par rapport à la peau environnante.  Les lésions siègent le plus souvent au cou, aux poignets, à la face antérieure des bras et des avant-bras.  Elles sont souvent longues à traiter peuvent laisser des cicatrices.

Lutte contre la teigne

Seuls les examens de laboratoire permettent d’apporter la preuve de l’infection. 

Pour les bovins, un traitement antifongique local est généralement suffisant.  Il consiste en l’application sur les lésions de substances fongicides.  Quel que soit le produit utilisé, il convient de traiter l’ensemble de l’effectif, que les animaux présentent ou non des lésions.  Pour éliminer une partie des spores infectantes et faciliter la pénétration de l’antifongique, il est recommandé d’éliminer les croûtes à l’aide d’une brosse dure imbibée de produit.

Lors de traitement local, des précautions seront prises pour éviter la contamination humaine et la dispersion dans l’environnement (destruction des poils et croûtes arrachés au cours de brossage préalable).

L’isolement des animaux atteints diminue des risques de contamination.  L’élimination des spores dans l’environnement est indispensable ; lessive de soude à 0,4%, solution de crésyl à 1,5 %.

3.  Aspergilloses cutanées

Décrites essentiellement chez l’avorton, les dermatomycoses aspergillaires sont toujours la conséquence d’une contamination in utero du fœtus à partir du placenta de la mère, donc transmises par voie hématogène.  Plusieurs espèces d’Aspergillus existent : A. flavus ; A. fumigatus, A. terreus, A. niger, A. nidulans.

Quelques cas d’A. flavus et A. terreus ont été également rapportés chez l’adulte.

Chez le fœtus, les lésions se présentent se présentent sous la forme des plaques sèches, de couleur blanc-jaunâtre.  Elles peuvent évoquer la teigne mais s’effacent à la suite d’un frottement du fait de leur localisation épidermique.

Un autre type de lésion se caractérise par la présence des zones blanchâtres diffuses sur le cou, les régions axillaires et scapulaires ainsi que sur les flancs. Des zones de nécrose bien circonscrites peuvent s’étendre au derme : celles-ci ne renferment pas de mycélium, mais seraient causées par des toxines. Chez le jeune ou l’adulte, la maladie se présente sous trois formes : La première se manifeste se manifeste sous l’aspect de taches de couleur grisâtre étendues à tout le corps et qui ne sont ni hyper kératosiques ni prurigineuses

La seconde se traduit au contraire par la présence des dépilations accompagnées de croûtes grisâtres très prurigineuses plus ou moins exfoliées sur la partie externe de la conque auriculaire, sur le pourtour des yeux et sur le chanfrein. La troisième se présente sous la forme des granulomes sous-cutanés, jaunâtres encapsulés contenant un pus épais et pâteux évoquant les lésions tuberculoïdes.

Aucun traitement spécifique n’est envisageable.

Conclusion générale :

Les maladies parasitaires de la peau chez les bovins représentent un enjeu majeur de santé animale, tant par leur impact sur le bien-être des animaux que par les pertes économiques qu’elles peuvent engendrer. Les gales, très contagieuses et parfois graves, affectent des effectifs entiers et peuvent même se transmettre à l’homme. La teigne, bien que moins dangereuse, reste préoccupante en raison de sa persistance, de sa contagiosité élevée, et de son caractère zoonotique. Enfin, les aspergilloses cutanées, bien que rares, surtout chez les adultes, témoignent de la complexité des infections fongiques et de leurs voies de transmission parfois inhabituelles.

La lutte contre ces affections passe par une bonne connaissance des agents pathogènes, la reconnaissance précoce des signes cliniques, l’application rigoureuse des traitements, et surtout par la mise en place de mesures prophylactiques adaptées : hygiène rigoureuse des bâtiments, isolement des animaux atteints, désinfection de l’environnement, et surveillance sanitaire continue. La sensibilisation des éleveurs et des intervenants du secteur est également essentielle pour une prévention efficace et durable.


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